"It doesn't matter where you go, you always take yourself"

Publié le 22 Juillet 2016

Où qu'on aille, on s'emporte toujours avec soi.

Sur les routes du Perigord
Sur les routes du Perigord

C'est pendant le trajet du retour, entre le lieu dit de La Geyrie et Vesoul, que je reprends la plume.

Mon séjour se termine à présent, et c'est le cœur rempli de souvenirs que je reprends la route. Si je n'ai pas pris le temps de raconter mon séjour plus que ça, c'est tout simplement car je ne trouvais pas le temps pour cela, ou du moins que j'ai consacré mon peu de temps libre à d'autres activités. Canoë, randonnée, voyage en voiture sur les routes de Dordogne, découvertes du patrimoine local et de ses habitants...

Ce séjour fût riche en découvertes, en apprentissages. Comme après chaque voyage, je reviens plus grande, ayant acquis énormément de choses. Cela m'a permis de faire une pause, loin de mon environnement habituel, en retrouvant ce que nous offre la Terre-Mère.

Mon anglais s'est amélioré, et à ma grande surprise je ne partais pas avec des bases si bancales que cela. Je n'ai pas eu de problèmes de compréhension dans la langue de Shakespeare, et j'ai amélioré celle de Goethe. Le plus difficile était plutôt de savoir jongler entre les deux langues, sans se tromper dans leur grammaire et syntaxe tout à fait différentes.

J'ai acquis de nombreuses choses en agriculture, écologie, biologie, développement durable...De la production laitière à la réalisation du fromage, de l'élevage de chevreaux et porcs à la production de saucisse et pâtés, la tenue d'un gîte, la vente en marché, l'évolution d'un potager/verger/champs...

Baignade improvisée

Baignade improvisée

"It doesn't matter where you go, you always take yourself"
 The trim strimmer !
The trim strimmer !

Une ferme peut produire bien plus que de la nourriture pour le corps : Elle nourrit également les émotions, l'âme, répond à ce besoin croissant de reconnexion avec la nature. Elle nourrit l'esprit. Je crois qu'il s'agit de quelque chose d'important aujourd'hui, alors que le monde va de plus en plus vite, consomme de plus en plus, et se déshumanise petit à petit. Alors qu'au fond, l'aspiration de l'espèce humaine correspond à la quête d'une sorte d'équilibre rompu. Ce jardin d'Eden, auquel on aspire, ne s'illustre pas seulement par un lieu géographique. Mais il est mis en valeur par une harmonie, un ensemble que l'on reconnaît instinctivement mais que l'on ne saurait définir.

D'un autre côté, j'en reviens au spécisme constant qui règne dans les fermes de production laitières et animales, et qui me dérange..Travailler dans une ferme, est-ce vraiment aimer les animaux ? La production laitière est l'une des pires choses. On me regarde d'une drôle de façon lorsque je parle du boire du lait maternel, de le commercialiser.. parce que ça semble "sale" de boire du lait d'une autre femme, parce qu'éthiquement parlant on ne peut pas le vendre. Mais celui d'une chèvre, d'une vache, on peut se le permettre ? Et pourquoi plus une chèvre qu'une femme ?

Pour réaliser du fromage, il faut du lait. Et pour avoir du lait, c'est tout un processus.

1-Nous obligeons ces chèvres à avoir des petits, par un processus bien organisé. Rien n'est naturel.

2-Nous leur retirons ces petits qu'elles ne connaitrons pas, ou du moins peut-être que les femelles destinées à devenir elles aussi des chèvres laitières un peu plus tard. Les mâles sont destinés à la saillie, les autres à finir dans nos assiettes..

3-Nous leur tirons du lait matin et soir à l'aide de machines, qui sont assez violentes car elles provoquent parfois des œdèmes, des sortes d'hématomes et coupures au niveau des pies. Leurs pies sont tellement malmenés que certaines chèvres se retrouvent avec des mamelles déformées et difficiles à porter.

4-Elles sont nourries à l'aide de granules et grains de maïs, ce qui n'est absolument pas prévus pour leur estomac. Afin de contrer contre l'acidité, on y ajoute du bicarbonate de soude qui agit comme "pansement"dans leur ventre. Mais la douleur est bien présente.

5-Nous les stressons, en les dirigeant d'un lieu à un autre, afin qu'elles se rendent en salle de traite, dans leurs petit enclos ou leur box. Ce stress est permanent et rend certaines chèvres malades.

6-Lorsqu'elles sont malades, nous leur injectons des produits médicamenteux, destinés à les soigner, mais qui vont eux aussi passer dans le lait. Il y a bien un délai d'attente, mais assez minime.

7-Toutes connaîtrons le coup de jus de de nos clôtures : Dans la journée, nous lâchons les chèvres dans des prés clôturés, afin qu'elles se nourrissent d'herbes. Mais chaque parc est délimité et elles ne sont pas autorisées à aller trop loin. Pour cela, on les invite dès leurs premiers jours à les faire courir un peu partout, tout en les guidant vers les clôtures. Le but étant qu'elles se prennent un coup de jus afin qu'elles comprennent que l'espace est délimité. A savoir que le jus est compris entre 9 et 12 V, ce qui n'est pas insignifiant...

"It doesn't matter where you go, you always take yourself"
Sur le marché
Sur le marché

En conclusion, je dirai que l'homme est allé trop loin pour nourrir sa propre espèce. Nous n'avons pas à exploiter d'autres espèces pour notre propre bien. Il y a bien la chaîne alimentaire, mais les autres espèces savent utiliser ce dont elles ont besoin et non pas en abuser. Ce que j'ai vu représente de la maltraitance passive, et pourtant je sais à quel point mes hôtes aiment les animaux...

De plus, l'Homme détruit la terre pour mieux l'exploiter, sans songer à la préserver ni à la renouveler. Actuellement, l'équivalent en terre agricole d'un département français disparait tous les dix ans, artificialisé, noyé sous le goudron et le béton.

C'est ainsi que je clos cet article, afin d’évoquer un peu plus tard des solutions alternatives qui pourraient changer le monde et panser les blessures de la Terre.

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M
La prise de conscience est brutale mais réelle ...
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